Une petite bio pour commencer.
Parisienne de naissance j'ai mis du temps à trouver ma voie. Comme beaucoup d'autres après le bac on se dit: "que faire"? Malheureusement peu douée pour faire de l'argent dans des filières éco ou maths je me suis essayée à pas mal d'études sans succés ni conviction. J'ai alors enchaîné les sorties, les rencontres, les petits boulots, les voyages. C'est au détour d'une expérience de jeune fille au pair, qui a tournée court ceci dit en passant ( l'homme de la maison voulait une maîtresse!), que j'ai fait mes premiers pas en FLE. Cours à des lycéens anglais de Bristol. Ca m'a plu. J'ai abandonné ma vie de débauche et de voyages pour des cours de linguistique. Révélation! Enfin j'avais trouvé ma voie, une passion remontant de l'enfance: la linguistique. 4 ans de labeur, de petits boulots, de stages et la maîtrise... enfin! Inscrite en Master 2 je n'ai pas été plus loin et j'ai accepté, opportunité concrétisée lors d'un voyage en Thailande, un poste de prof de FLE à Lopburi. Etudiants sympas, super baraque, salaire correct et emploi du temps idéal. C'est dans cette ville que j'ai rencontré mon mari, enfin maintenant ex-mari. Puis direction Bangkok, université privée et grosse galère. C'est durant cette année professionnellement inintéressante que je suis tombée enceinte. Mon garçon... S'ensuivent un mariage, une rentrée en France fracassante de difficultés en tout genre. Tellement que l'endurence à gérer un quotidien embrouillé de toutes sortes de maux à eu raison de mon mariage. Verdict sans appel : divorce. Un ex qui se barre comme il est venu et moi, seule avec un enfant à élever. Pas question de reculer. Une autre année de galère dans le sud de la France et là je décide que trop c'est trop. Après 3 ans d' "absentéisme professionnel" une décision s'impose: La Chine. Une fois passée par là, je serai employable partout. J'ai cherché, j'ai trouvé, le directeur de l'AF de Dalian m'a fait confiance. Un an là-bas à batailler comme une sauvage, retour en France et maintenant la Turquie. Je rempile pour la première fois de ma vie un contrat.
Alors voilà ce que je veux dire à toutes ces mères, larguées comme un kleenex, qu'il n'y a pas de fatalité. Je ne suis pas courageuse, d'autres ont plusieurs enfants et mènent tout de front. Mais prof de FLE, rimant avec voyages et un enfant sous le bras, c'est pas de tout repos mais c'est possible. J'ai cherché sur les blogs, le net, partout des profils comme le mien. Pas un! ou alors j'ai pas trouvé... J'espère donner une note positive à ce statut décrié et malmené, à juste titre. Précarité des contrats, salaires bas, charges de travail incroyable, pression, disponibilité et mobilité requise sur plusieurs sites sans être payé des frais de transports. Malgré tout, reste la passion pour l'enseignement de la langue française et de sa civilisation, l'échange avec des étudiants de toutes parts, la formation continue et ce mouvement d'apprentissage qui n'en finit pas, ne jamais rester sur ces acquis. C'est ça qui me passionne et me fait avancer. J'ai refusé d'être une "rm-iste", une mal logée, d'être caissière chez Lidle, serveuse ou je ne sais quoi encore. J'ai préféré partir puisque c'était là, la seule occasion d'avoir une vie "décente".
La vie d'un prof de FLE à l'étranger avec un enfant est une épreuve. Et pas toujours celle qu'on croit. Ici je suis "un clone", un "cas social". Je ne suis pas dans les normes des "expats", de leur confort, de leur position et de leur statut familial. On a tendence à croire que les enfants s'adapte vite, c'est une idée qui a la vie dure. Je ne suis pas d'accord. Dans le cas de mon fils, sans père, se mouvoir dans un environnement inconnu est un challenge. Je lui impose ce style de vie à la misère de la France.
J'ai choisi, on a tous le choix même s'il s'agit de se balancer entre l'encre et l'emplume. Quant à accepter son destin, c'est une autre histoire.